Sortir de la boîte

Introduction aux différences entre l’art et le design

Poussé par un désir de faire parler le monde qui l’entoure, cet homme, cette femme peint sur les murs les bêtes connues de sa vallée que nous nommerons de la Vénère. Elle ne les grave pas. Les murs de sa grotte en particulier ne s’y prêtent pas. Dans la salle des taureaux à Lascaux, un échafaudage rudimentaire est même dressé pour réaliser certains tracés de plus de cinq mètres de haut. Mais, de l’horizon des 19 ou 17 000 ans qui nous séparent d’eux, on peut encore entendre les quolibets de ses contemporains. Du moins, on peut les deviner. En bas de l’échafaudage, ils ne lui disent pas que ses fantaisies sont vaines ? Qu’elle ne participe pas à la vie de la communauté qui est bien plus laborieuse ! En bref, que son art ne concoure pas à la vie active de ses frères et sœurs; à la chasse, à la confection de vêtement, à l’alimentation. On pourrait traduire cela par : « On ne vit pas de son art ! » Au moins, cela est dit.

Pendant des siècles, des millénaires, des mains habiles se sont exercées à reproduire des fragments d’univers à travers leur réalité sensible. En d’autres mots, l’art consistait à reproduire la conscience du monde connu, ou imaginé d’ailleurs, à travers le prisme des sens; surtout la vue, mais pas seulement. Celui qui ose transformer la matière pour faire parler le monde détient un réel don d’interprétation. Est-ce cela qui a conduit les pouvoirs en place des sociétés antiques à codifier l’art pour en faire la représentation du sacré ici-bas ? C’est une possibilité dont il appartient à l’anthropologie d’étudier. En admettant cette dernière éventualité, les symboles ne pouvaient que prendre leur essor. Ils sont devenus la clé du pouvoir pour certains et la manifestation de la domination divine pour la plus grande majorité. Lorsqu’on regarde les réalisations monumentales des anciens Égyptiens, on ressent même aujourd’hui cette énergie qui nous transperce.

Ceci étant dit, il est temps de poser la question suivante : y a-t-il une différence entre l’art et le design ? Et s’il en est, pour qui, pourquoi connaître la différence serait-il utile ? J’aimerais tant répondre qu’elle serait bénéfique à tous, mais ce serait là mentir au plus grand nombre. Le plus grand nombre, en effet, qui est les enfants de ceux qui lançaient des railleries aux peintres de Lascaux dans le bas des échafaudages. Mais vous n’êtes pas de ce nombre ! Peut-être êtes-vous déjà sensible à la création ? Peut-être pensez-vous qu’embellir le monde est déjà une forme d’amélioration souhaitable ? Peut-être enfin, êtes-vous un chef d’entreprise, un manager qui se confronte tous les jours à des problèmes, mais qui peine à trouver des solutions vraiment durables. Connaître les limites de l’art, qui plus est, savoir comment procède le design pourrait vous permettre de proposer des réponses nouvelles. Pour reprendre les mots à la mode : des réponses qui vous feraient penser à l’extérieur de la boîte.

Pronchain article :

L’art est à l’inconscient ce que le design est au conscient !