Trop penser ?
L’hyper sollicitation de nos sens fait partie du quotidien. Nos villes sont placardées de couleurs et nous portons une attention plus que singulière à nos écrans hautement saturés de rouge, de vert et de bleu. L’animation vidéo augmente considérablement la sollicitation de la vue de l’ouïe. Corolairement, nos espaces de vie sont devenus plus mécaniques et par le fait même plus bruyants. Tout ce que l’on mange est devenu plus gras, plus sucré ou plus salé. Nous ne supportons plus la douleur et la contrainte. Au moindre mal de crâne, c’est l’aspirine ! Mais ce n’est pas pour un simple mal de tête que nous ne savons plus où en donner ! Notre conscience est submergée par l’abondance des flux liés aux sens. Pour une personne sensible, cela donne une force considérable à ses pensées.
Si cela était vrai seulement pour le monde des phénomènes existants, c’est-à-dire notre conscience éveillée, nous pourrions néanmoins dormir sur nos deux oreilles. Échapper au tourbillon des pensées blotti dans notre lit. Il arrive néanmoins que mêmes endormis, nous fassions l’expérience de rêves dit pathogènes. Ces rêves, qui sont plus souvent liés à la dépression, nous font revivre endormi (souvent un état à la charnière de l’éveil et du sommeil) le stress de l’état de veille. Ils pourraient bien être liés à cette hyper sollicitation sensorielle qui, ayant trop longtemps stressé l’organisme, ne nous permettent plus de dormir sur nos deux oreilles quand les tourbillons se font trop violents. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Or, le mal de « trop penser » semble devenu épidémique…
Prenons comme postulat que l’hyper stimulation sensorielle pourrait être l’une des causes majeures du phénomène du « trop penser ». Loin de moi l’idée d’un retour à la caverne. Il faut apprendre à penser son temps et avec son temps. Un peu de sobriété ne ferait pas de mal, cependant. Aussi, loin de moi l’idée que « moins penser » grâce à une quelconque drogue serait un bénéfice. Moins penser dans le monde de défis auquel nous faisons face serait nous reléguer plus qu’à la seconde place alors que la machine est toujours disponible. Trop penser ne sera jamais le mal. Faut-il seulement savoir canaliser ses pensées ? Trop penser n’est-il pas tout simplement la manifestation d’un esprit qui souhaite seulement s’exprimer ? Et comment fait-on s’exprimer un esprit trop pensant ? La création s’avère un excellent moyen.
La pensée est une force de l’esprit. Les pensées fougueuses ne demandent qu’une chose : se matérialiser. Comme le rêve qui fait advenir des idées brillantes, des bouleversements sociaux qui ne pourraient prendre forme dans la continuité de ce qui a déjà été fait et exploré, le flux de pensées, ces rêves éveillés ont le potentiel de transformer le monde des phénomènes existants. Un tourbillon de pensée peut aboutir à un poème… si l’exercice est répété jour après jour, en recueil. Écrire ses pensées, les canaliser peut faire advenir des projets créatifs stupéfiants. Tenter d’étouffer le tourbillon des pensées ne fait qu’entretenir la tourmente. Il faut apprendre à récupérer l’énergie potentielle du tourbillon, celui des pensées, pour la transformer en énergie créative.
La créativité est un outil des plus puissant. Il se peut et il est d’ailleurs souhaitable que d’autres chemins conduisent à l’apaisement du « trop penser ». Force est de constater, toutefois, qu’un esprit qui pense trop est souvent un esprit qui ne s’exprime pas suffisamment. Transformez vos idées. Laissez derrière vous vos appréhensions. Contribuez vous aussi à faire de ce monde un espace plus élégant, plus intelligent et plus naturel.