Un sourire d’enfant…

Quoiqu’espiègle ! Plein de vilaines fantaisies ! De désirs inavoués ! Le sourire de l’enfant reste l’expression de l’innocence. Mais l’enfant n’en demeure pas là. Je veux dire qu’il ne grandit pas innocent. Au demeurant, nous ne le sommes plus, du moins, la plupart du temps. À l’évidence, nous avons pris conscience du monde qui nous entoure. Sans en comprendre tous les mécanismes, le réel est bien là. Comment en sommes-nous passés d’enfant insouciant au tourbillon de l’adulte ? Tout simplement : par étonnements successifs. Des étonnements qui ont fait grand effet sur notre conscience et qui se sont ensuite imprimés dans notre inconscience. À tel point que nous les avons pour la plupart oubliés.

Un homme, une femme bien construite, sait replonger dans l’enfant que nous avons tous été. Mais celui qui souhaite en savoir plus sur ses arrières-mondes doit faire ce saut méthodiquement. Une méthode consiste à se souvenir de ces fameux étonnements. Ceux qui nous ont forgé. Bien qu’ils puissent se ressembler, les nôtres, les vôtres, les leurs, ils n’en demeurent pas moins profondément personnels. D’ailleurs, il serait vain d’en dresser des contours structuralistes. Il revient à chacun de nous de se poser la question suivante en toute intimité : quels sont ces étonnements qui me permettent aujourd’hui de comprendre un peu mieux le monde dans lequel je vis ?

Un peu de méthode...

On peut effectivement tenter de répertorier ses blessures, mais il ne s’agit pas non plus que de ça. Nous n’avons pas été que construits par blessure successive. Nous ne sommes pas que superposition de cicatrices psychique… enfin, c’est à espérer pour la plupart d’entre nous. Des étonnements qui nous ont construit, on peut en citer quelques-uns : la fois où nous avons pris conscience qu’une figure d’autorité mentait consciemment devant nous (là effectivement, on peut l’ajouter au nombre des blessures, mais le contexte peut tout changer). La fois où nous avons pris conscience qu’un être que nous aimons se sacrifiait pour nous. Ce travail de généalogie personnel ne peut pas être accompli d’un seul coup. Il faut y accorder un peu de temps sur une période pouvant durer plusieurs semaines. Aussi, les réminiscences proviendront d’ici et là. Il se peut que nos rêves de la nuit nous ramènent loin derrière, à un moment d’étonnement. Une visite chez un être cher, une impression de déjà-vue… enfin, les circonstances qui peuvent nous ramener aux étonnements de notre enfance sont nombreux. Le simple fait d’y accorder un peu d’énergie est le signal à notre inconscient… celui de faire ressurgir des réminiscences.