Sans l'ombre d'un doute

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Le siècle des Lumières a bouleversé notre rapport au monde ; notre compréhension du réel. Ces philosophes savaient-ils que la lumière allait bouleverser d’autant plus ce rapport au tournant du XXe siècle avant les révolutions physiques qui y ont pris naissance ? On peut croire que certains en avaient peut-être l’intuition. Mais que pouvons-nous savoir de ce qu’ils pensaient vraiment ? Par ailleurs, où en sommes-nous au XXIe siècle ? Avons-nous digéré toutes ces révolutions successives ? Révolution copernicienne… révolution industrielle… révolution de la communication… révolution numérique… révolution technique avec l’intelligence artificielle… Est-ce que leurs conséquences paraissent acquises dans nos inconscients collectifs ? En d’autres mots, avons-nous assimilé leurs conséquences irréversibles dans notre interprétation du monde ? À l’instar du philosophe, je n’en sais rien, mais il m’est permis de poser la question afin qu’une réponse germe en chacun de nous.

Certains détracteurs diront d’emblée que la question est sans importance dans un monde rationnel gouverné par la technique. Qu’il faut se laisser guider par elle et que ses prouesses sont inéluctables. Gardons l’argument en réserve. Il n’est pas dénué de sens et est aussi très largement diffusé. Mais avant d’y répondre directement, laissez-moi vous proposer une expérience de pensée…

Replongeons-nous, il n’y a pas si longtemps à l’échelle de l’humanité dans un monde statique où la terre occupait une place définie dans l’univers. Certes, à cette époque, on évitait quelques questionnements métaphysiques concernant l’infinitude de l’univers et je passe les questions d’ordre divin. On croyait en effet beaucoup plus largement en un pouvoir immanent qui assurait la cohésion du monde et celle des civilisations. Nous étions moins éclairés, mais, en quelque sorte, nous étions aussi plus rassurés sans le savoir. Plus jeunes, à la pensée de l’infini, nombre d’entre nous frémissaient. La pensée de l’infini dérange encore nombre d’entres-nous même en ayant atteint un âge un peu plus raisonnable. C’est donc dire ! Je m’amusais justement à parler de l’infini à mes enfants les derniers temps. Ils ont acquis suffisamment de lumières en mathématiques pour accueillir certains de ses principes un peu plus complexes. Je leur demandais de penser au caractère infini des nombres. 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55 et plus encore… Ensuite, en guise de pré requis, je vérifiais s’ils avaient conscience de la notion d’ensemble. Ceci étant, je leur demandais d’imaginer deux nouveaux ensembles à partir de l’infini. Le premier étant constitué de l’infini des nombres impairs, le second, mais vous l’aurez déjà anticipé, de l’ensemble infini des nombres pairs. C’est plutôt amusant de les voir secouer la tête en comprenant que diviser l’infini en deux donne deux ensembles eux-mêmes infinis.

Avez-vous aussi sourcillé ? Probablement, tout simplement parce que c’est a priori contre-intuitif. Pourtant, c’est bien le reflet du monde dans lequel nous vivons. N’importe qui peut le poser des questions relatives à l’infini. Qui plus est, on est tous individuellement confrontés à une part croissante d’incertitude. Cette incertitude est la conséquence des lumières. Lumières d’autant plus répandues aujourd’hui. Bref, on sait plus de choses. Ceci entraine un spectre d’incertitude plus large. En sommes-nous plus heureux ? En sommes, est-ce que les lumières n’entrainent pas plus de doute ? Sans l’ombre d’un doute !

Alors, avons-nous digéré nos nouvelles lumières ?