Persistance onirique

Il ne s’agit pas de donner une nouvelle recette pour se souvenir de ses rêves de la nuit. C’est d’un autre type de mémoire dont il est question dans la persistance onirique. D’ailleurs, le terme persistance semble mal choisi. Il s’agit plutôt de retracer les ponts qu’établit l’individuation entre l’inconscience et la conscience, des rêves à la mémoire lorsque l’on travaille sur les rêves. En cela, il serait plus juste de parler de migration onirique, mais justement, qu’est-ce à dire ?

Des rêves dont on se souvient même après plusieurs années

Je n’ai pas toujours noté mes rêves. À vrai dire, je m’y intéresse depuis près d’une vingtaine de mois et encore, je ne les note assidument que depuis près de six mois. Depuis ce temps, néanmoins, je me souviens, de manière perceptible, beaucoup plus facilement de mes rêves, mais j’ai aussi développé une mémoire des rêves des mois passés. Des souvenirs de rêves de la petite enfance me sont aussi revenus à l’esprit. Sans noter ses rêves, nous en avons tous quelque un qui nous sont restés en mémoire avec les années. J’estime que mon rêve le plus ancien pour lequel j’ai une bonne mémoire remonte à mes cinq ans. Je m’en souviens très bien, même après 35 ans, de la pierre que j’ai lancé en rêve à mon ami imaginaire « Jo » l’indien avec qui je jouais tous les jours. Je lui avais même crevé l’œil gauche, non loin du puis artésien au fond du terrain de mes parents. Je m’étais caché dans la capote en bois d’un pickup qui avait appartenu à mes parents. Quelle idée que de crever l’œil de son ami imaginaire ! Mais on ne choisit pas souvent l’allure de ses rêves et surtout pas à cinq ans. D’aussi loin que je me souvienne, je peux retracer une douzaine de rêves qui ont persisté dans ma mémoire avant que je ne prenne l’habitude de les noter. Depuis, ce nombre a considérablement augmenté.

Des rêves qui reviennent de loin en loin

Autre constat à propos des rêves et de la mémoire, certains d’entre eux reviennent symboliquement ou intégralement. J’entends par rêve symbolique un schéma qui se reproduirait de loin en loin. De ceux-là, on peut retracer les rêves où l’on apparait en public dénudé ou de ces escaliers infinis. De fois en fois, il ne s’agit pas tout à fait du même rêve. Les décors et les circonstances changent. Le symbole, celui du vêtement ou de l’escalier reviennent. Il arrive aussi qu’on refasse le même rêve. Les décors, les personnages sont les mêmes. On replonge dans le même scénario narratif.

Des suites dans les rêves…

Prolongement des rêves qui reviennent de loin en loin, certains de nos rêves trouvent aussi des suites. Cela peut se produire après des mois ou même des années. Il m’est aussi arrivé de continuer un scénario onirique d’une nuit à l’autre.

Cela nous informe tout de même que la mémoire n’est pas l’exclusivité de la conscience. Un esprit s’enrichit tout aussi bien des perceptions sensibles de sa conscience que des perceptions oniriques de son inconscience. On pourrait craindre de s’y perdre et de ne plus faire la différence entre les souvenirs réels et ceux des rêves, mais pourquoi un souvenir issu de la nuit aurait-il moins d’importance ? En rêve, j’ai volé, voyagé, navigué, fait des rencontres insoupçonnées. Ce sont des expériences parfois très fortes, voire qui ont conduit à construire ma personnalité, du moins à la renforcer. On ne s’y perd pas. Bien au contraire, le rêve permet, en sondant l’inconscient, d’ouvrir de nouvelle frontière et d’élargir sa vision. Il ne vous reste plus qu’à expérimenter.