Les baignueurs

L'idée...

Je me souviens des éclaboussures et des rires au bord du lac. L’eau fraiche nous existait pendant cet été coincé entre un printemps trop long et un automne fugace.

Je me souviens de ces escapades où je revenais du bois le derrière des oreilles piquées d’innombrables maringouins et les mains collantes de gomme de sapin. Aujourd’hui je la mélange à ma peinture.

Je me souviens de cette grange, fière et lieu de tous nos amusements. Quelques-unes de ces poutres me servent aujourd’hui à ériger ce chevalet.

Je me souviens de ceux que j’aime. Je me souviens de cette langue prise entre joual, calvaire et Saint Simonaque.

Je me souviens de mes premiers pas loin de chez-moi. J’ai fait de la terre mon monde.

Et je reviens, je reviens parmi vous. Car je me souviens de toi comme mon frère, comme ma sœur.

Je ne suis pas différent. Je suis seulement autre comme tu l’es. Souvient-en !

Je me souviens du lac des termites. Ce n’est pas le mien. Ce n’est pas le tien. C’est tout simplement le nôtre, car je t’aime.

Et si j’ai voulu déposer cette œuvre à quelques pas de notre vieux Québec, à un saut de notre fameux Saint Laurent, c’est pour que nous nous en souvenions.

A propos de la démarche :

Avec les baigneurs, j’ai voulu retourner aux sources. D’abord en m’inspirant de la région de Québec qui m’a vu grandir. Ensuite en utilisant les madriers d’une ancienne grange de 1907 pour fabriquer le chevalet de 18 pieds de haut sur lequel est déposée l’œuvre Les baigneurs, marquant ainsi ma volonté de souligner notre patrimoine et de récupérer des matériaux déjà centenaires. J’ai aussi utilisé la résine des pins locaux à la manière des peintres du 18e pour fabriquer ma peinture. La térébenthine du Canada est reconnue mondialement dans les ateliers d’art comme la plus liante et la plus transparente.

L’oeuvre les baigneurs n’est toutefois pas destinée à affronter les intempéries de l’hiver québécois. J’espère qu’elle trouvera un lieu où passer l’hiver…