Le mouvement est comme rien

Assis sur mon tabouret de peintre sur le pont d’un navire qui vogue vers le nord, j’observe la mer. Elle est en mouvement, ma mère ! Ses ondulations m’interpellent. Elles forment un camaïeu du gris au bleu, mais un bleu que mes pigments ne sauront réellement transcrire. Un peintre doit savoir tricher pour que l’œil s’y retrouve. Et je fixe au loin les vagues. On pourrait dire que la mer est calme. Moi, son enfant, je m’interroge. D’où viens-je ? De la mer, ma mère ?

Une intuition me vient pourtant à l’esprit. Intuition que d’autres ont déjà eue. Peu m’importe. On peut ressentir le sentiment de la découverte plus d’une fois. Comme l’enfant in utero, assis sur le pont du bateau, mes mouvements sont comme rien. Quand je rentrerai dans ma cabine, sans horizon fixe pour juger du mouvement, la force des vagues ne sera plus rien. Rien que moi, ma couchette et mon bureau sur lequel j’écris ce papier en même temps que j’observe la mer sur le pont. C’est une forme « d’intrication artistique » et à moins que ma mère se déchaîne, le mouvement de la mer ne sera plus rien pour moi d’ici là.

Symboliquement, les artistes classiques comprenaient déjà ce principe de physique lié aux espaces référentiels : le mouvement est comme rien. Symboliquement, évidemment ! Voire même poétiquement. Ajout réfléchi pour quiconque serait déjà initié à la physique quantique et qui s’élancerait d’un « hola » bien justifié. Pour autant, les Raphaël, les Léonard ont su figer le mouvement tout en le rendant fluide. De paradoxe en figure de style, la peinture, le dessin, j’ajouterai la photo, le cinéma et même la musique sont des annihilateurs de mouvement. En même temps, ce sont aussi de fameux compositeurs.