L’élan vital

« Je vous le dis : il faut porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche

Qu’est-ce que l’élan vital ? Est-ce tout faire pour se maintenir vivant ? En un mot : survivre ! Est-ce végéter, se laisser porter par la vie et s’endormir le soir éreinté d’un labeur subit ? Est-ce aussi tout faire pour être en forme, maintenir une vie saine et être anéanti quand survient la maladie ou tout simplement la fatigue de la vieillesse ?

Un habitué de la forêt finit par remarquer une caractéristique de l’élan vital des arbres. Les années où un arbre en particulier produit le plus de fruits sont celles où il aura subi un stress quelconque. La dernière année de sa vie est souvent celle où il produira le plus de fruits comme un appel à l’univers pour qu’il laisse lui aussi son empreinte. L’esprit humain n’est pas celui de la plante. Soit ! Mais un enseignement valable s’en dégage tout de même. Ce n’est pas dans le calme plat de la mer que le voilier avance vers son objectif. Les secousses intime l’esprit à s’ajuster… à créer les moyens nécessaires à son adaptation. Créer ! Celui ou celle qui souhaite améliorer son sort, pas nécessairement matériel, mais tout simplement psychique, doit plonger dans son chaos intérieur dont Nietzsche parlait. Le risque doit être accueilli. L’inattendu aussi et en faire la matière première de sa nouvelle vie ou de sa prochaine réalisation.

Vivre c’est aussi savoir mourir. Il ne s’agit pas seulement comme l’entendait Socrate d’apprendre à mourir par la philosophie. On doit savoir mourir symboliquement à certains travers, certaines habitudes, certaines certitudes. Cela fait aussi partie de l’élan vital.

Dans le Liber Primus du Livre rouge, Jung écrivait ceci : «  Parce que je suis tombé dans la source du chaos, dans le primordial, je suis moi-même fondu à nouveau pour entrer en relation avec le primordial [lire l’élan vital], qui est à la fois ce qui a été et ce qui est en devenir. » L’interprétation entre crochets n’est pas saugrenue. Se référent aux traditions philosophique ou plus anciennement encore aux traditions mythologiques, notamment celle qui nous est relatée dans la théogonie d’Hésiode, le cosmos n’ait du chaos primordial. Le formé prend forme à travers l’informé. Celui qui ne cherche que des réponses dans les chemins mille fois parcourus s’éloigne nécessairement de l’élan vital qui conduit à la transformation.