À la croisée des chemins

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Faut-il se perdre pour mieux se retrouver ? La question est un peu large, mais partons d’un constat qui nous arrive tous un jour ou l’autre : quel but donner à la vie ? Admettons que la question n’est pas moins vaste que la première. Elle a pourtant plus de force, car nous nous la sommes tous au moins posé une fois à des moments de croisée de chemin. Je souhaite donc attirer votre attention sur la dimension psychologique de l’œuvre. Cette démonstration répondra d’ailleurs à la question : qu’est-ce qu’un rêve ?

À cette fin et pour approfondir les questions posées d’entrée de jeu, je vous propose un exercice de pensée. Imaginons-nous en forêt. Nous suivons un sentier. Un peu comme en rêve, nous avons le sentiment étrange de connaître les lieux que nous visitons sans pour autant rien reconnaître. Comme en rêve encore, notre attention est attirée par de nombreux détails surréalistes qui jalonnent notre marche sur ce sentier. Comme en rêve enfin, nous arrivons à une croisée de chemin. Le décor semble se dérober sous nos pas. Rien ne ressemble plus à rien de connu. Cette alternance de décors est un processus commun en rêve. Cette curieuse sensation de connaître sans reconnaître aussi. Si nous devions transposer maintenant l’exercice à notre conscience éveillée, nous pourrions faire un lien avec l’intuition.

L’intuition est une force mal connue pour la plupart d’entre nous. D’ailleurs, ce n’est même pas une question de connaître ou pas. On s’y fie ou pas en fonction des circonstances. Pour ma part, je l’appelle la voix consciente de mon inconscient. La voix qui porte les messages de l’inconscient vers ma conscience. En rêve, nous sommes plongés dans l’inconscient. Nous ne nous posons pas autant de questions à la croisée des chemins. Habituellement, le rêve avance par séquence et nous emboitons le pas. Gauche ou droite ?

Nous sommes tous confrontés à la nécessité consciente de faire des choix… un jour ou l’autre. On pourra poser les forces et les faiblesses des implications supposées de tel ou tel choix. Un bon esprit rationnel sait se plier à cet exercice. Mais comme on dit si bien, « La prédiction est un art difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir ».

Mais qu’est-ce donc que la croisée des chemins ? Hé bien, il ne s’agit pas, comme on aurait pu le supposer de prendre à droite en ayant pris le temps d’analyser en toute rationalité le pour et le contre, ou prendre à gauche en se laissant porter par on ne sait quoi. L’intuition peut-être ? Et si l’on prenait les deux embranchements à la fois. Je m’explique.

Les études en psychologie en générales et celle de la psychanalyse en particulier ont établi l’inconscient comme faisant partie de nous. On pourrait, avec une dose de contradiction assumée, dire que l’inconscient fait partie de la réalité. Enfin, si vous n’y voyez pas de contradiction, cela veut peut-être tout simplement dire que vous êtes d’ores et déjà prêt à passer la croisée des chemins en prenant les deux chemins à la fois. Ce que la psychanalyse a aussi établi, pas seulement elle par ailleurs, c’est qu’un moyen de sonder son inconscient consiste à analyser le rêve. Il serait réducteur de n’en faire qu’un phénomène physiologique destiné à libérer notre cerveau de la charge mentale du jour. Pour autant, reconnaissons qu’il y concoure. On peut aussi voir dans le rêve bien plus. Y voir la synthèse de tous les processus psychiques en cours. Une sorte de restitution qui conjurerait en symboles et en émotions nos peurs enracinées, nos traumatismes, nos surprises, nos joies, nos découvertes, nos sentiments d’éveil, les mises en garde savamment calculées par l’inconscient, des réminiscences profondes provenant d’un certain inconscient collectif. Le rêve c’est ça ! Et bien plus encore.

Prendre les deux côtés de l’embranchement en même temps, c’est prendre une décision avec la raison et en écoutant son intuition. C’est donner de la valeur à tout ce que l’esprit humain sait produire. C’est un être de raison ! C’est aussi un être mué par son inconscient. Il convient seulement d’apprendre à l’écouter.